le douanier HENRI ROUSSEAU, un peintre naïf ?

Publié le par emliochka

Sa peinture est certes "exotique". Elle représente une fuite vers les lointains et un retour à l'enfance, au ludique (voir "les footballeurs") mais aussi aux cauchemars de l'enfant (voir "surprises"), avec parfois le retour du sublime, grande notion du 18ème s., c'est-à-dire l'admiration de la beauté de la nature mais surtout la frayeur devant sa puissance infinie. Mais il s'agit d'une nature fantasmée : le douanier Rousseau, gardien de l'octroi, na jamais voyagé et s'est inspiré des petits illustrés et des animaux empaillés du jardin des plantes. A vrai dire, la mimesis n'a pour lui pas grande importance. A l'heure de la photographie et bientôt du cinéma, est réaffirmée avec force le caractère conventionnel de la peinture. Au débat de l'époque : le plus important est-ce ce qui est réprésenté ou comment est-ce réprésenté, Rousseau répond : comment. Contre la géométrisation impersonnelle du monde par la révolution industrielle et son appropriation violente par le colonialisme, il s'agit de protéger la nature (thème de l'art nouveau) et de réenchanter le monde. Alors que les impressionistes poétisent la ville (voir par ex "la gare saint Lazare" de Monet), Rousseau fuit vers les lointains. Et plutôt que de s'approprier son âme, il respecte la nature en n'en faisant pas une représentation mimétique mais en la faisant passer à travers son imaginaire. A plusieurs reprises revient le thème orphique : la femme (car contrairement à l'homme, elle reste liée et proche de la nature) peut apaiser la nature et lui rendre son harmonie par sa musique. La nature est violente magré sa générosité : le tigre dévore le cheval et le buffle, l'ours attaque l'indigène, la végétation est étouffante. C'est pourquoi la femme orphique permet à l'homme d'y  retrouver une place harmonieuse.

Publié dans art et littérature

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