Agir ?

Publié le par emliochka

Dans Les nouveaux maîtres du monde (2002), Jean Ziegler, citoyen du monde, dénonce les « seigneurs » du « capitalisme de la jungle », leurs intérêts égoïstes, les millions d’hommes, femmes et enfants qu’ils mettent, par leur choix, leur stratégie impitoyable de libéralisation du monde, dans des situations de souffrance extrême, par manque de nourriture, d’eau potable, de logement, de travail, de sécurité, de reconnaissance, de dignité…

Ses affirmations me semblent parfois un peu manichéennes. Pourtant, il est Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation et a par conséquent des exemples concrets à proposer à l’appui de ses propositions. Et surtout, j’ai été étonné de sa convergence de vue avec Jacques Attali, dont je lisais dernièrement la Brève histoire de l’avenir. Tous deux, après avoir montré l’organisation terriblement efficace de ces quelques uns qui maîtrisent l’économie de la planète, et par conséquent (et ça, c’est quand même complètement dingue quand on y pense),  son avenir politique, social et écologique. Tout son avenir ? non, un petit village résiste encore à l’envahisseur…L’un et l’autre montrent que la résistance, « la nouvelle société civile planétaire » pour Jean Ziegler, les acteurs de l’« hyperdémocratie » pour Jacques Attali, sont déjà à l’œuvre. Les ONG, associations, organisations solidaires, et tous les citoyens conscients des enjeux du futur forment ce front.

Dans l’un et l’autre livre, j’ai commencé par trouver que c’était « trop gros » pour être vrai. Et puis, au fur et à mesure je me rendais compte (en partie), que leurs propositions répondaient à des intuitions.

Jean Ziegler, dénonce la légitimation de la misère, des inégalités démesurées, etc., par une sorte de fatalité ou de loi naturelle, qui voudrait qu’il n’y ait pas d’autre solution, pour s’en sortir, que d’aller dans le sens d’un capitalisme de plus en plus libéralisé. Dans les Dépossédés aussi, Robert Mc Lian Wilson, qui avait enquêté sur la pauvreté dans la Grande-Bretagne de Thatcher, dénonce cette « fatalité » de la pauvreté vue comme revers inévitable de la réussite économique. Il dénonce aussi la théorie du « ruissellement » (trickle down theory), consistant à croire que la richesse et la réussite des riches « ruissellent » vers les pauvres quand les premiers ne savent plus que faire de leur argent, qu’ils ont assez accumulé, et qu’ils donnent aux pauvres. Ben voyons ! Le tableau qu’il brosse des quartiers pauvres est digne de bidonvilles, le froid, et le statut de plus grand pays du monde en plus…

Quand on devient « grand », on prend conscience de ces enjeux comme étant ceux de son monde à soi, et pas comme de problèmes d’ « adultes ». Ca donne envie de se bouger, vraiment…

Publié dans le meilleur des mondes

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Mouais ... le collectivisme mène à des abominations encore plus horribles ...C' est beau de vouloir refaire le monde ...
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C
Merci Emliochka de partager ton savoir, tes lectures ...J'ai beaucoup de plaisir à te lire.
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