extraits de La Peste de Camus

Publié le par emliochka

 

« .. la terrible impuissance où se trouve tout homme de partager vraiment une douleur qu’il ne peut pas voir. »

 

 

« Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n’est pas éclairée. Les hommes sont plutôt bons que mauvais, et en vérité ce n’est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c’est ce qu’on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l’ignorance qui  croit tout savoir et s’autorise alors à tuer. L’âme du meurtrier est aveugle et il n’y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible. »
""Avec le temps, j’ai simplement aperçu que même ceux qui étaient meilleurs que d’autres ne pouvaient s’empêcher aujourd’hui de tuer ou de laisser tuer parce que c’était dans la logique où ils vivaient, et que nous ne pouvions pas faire un geste en ce monde sans risquer de faire mourir. Oui, j’ai continué d’avoir honte, j’ai appris cela, que nous étions tous dans la peste, et j’ai perdu la paix. Je la cherche encore aujourd’hui, essayant de les comprendre tous et de n’être l’ennemi mortel de personne. "" Tarrou

 

 

"Mais si c’est cela gagner la partie, qu’il devait être dur de vivre seulement avec ce qu’on sait et ce dont on se souvient, et privé de ce qu’on espère. C’était ainsi sans doute qu’avait vécu Tarrou et il était conscient de ce qu’il y a de stérile dans une vie sans illusions. Il n’y a pas de paix sans espérance, et Tarrou qui refusait aux hommes le droit de condamner quiconque, qui savait pourtant que personne ne peut s’empêcher de condamner et que même les victimes se trouvaient parfois être des bourreaux, Tarrou avait vécu dans le déchirement et la contradiction, il n’avait jamais connu l’espérance. Etait-ce pour cela qu’il avait voulu la sainteté et cherché la paix dans le service des hommes ? A la vérité, Rieux n’en savait rien et cela importait peu. Les seules images  de Tarrou qu’il garderait seraient celle d’un homme qui prenait le volant de son auto à pleines mains pour le conduire ou celle de ce corps épais, étendu maintenant sans mouvement. Une chaleur de vie et une image de mort, c’était cela la connaissance."

Publié dans poésie et citations

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article